Nom mais "A l'eau" ! Quoi ?
Mais vivre dans un moulin à eau présente également son lot de surprise. L’eau est toute puissante et à la période hivernale, elle devient imprévisible et reine des lieux. Parfois après des fortes pluies, cumulées à la fonte des neiges du Massif Central, pas si loin que ça, le niveau de l’eau augmente drastiquement et quelquefois à une vitesse encore plus phénoménale lorsqu’il est associé à un lâcher de barrage.
Nous suivons de près le niveau d’eau de la Dordogne mesuré plusieurs fois par jour à hauteur de Carennac, village classé parmi les « Plus beaux Villages de France ». C’est pour nous un bon indicateur, car quand la Dordogne est haute, la rivière « La Tourmente », affluent de celle-ci, devient également haute. C’est justement cette rivière qui alimente le Moulin. Au-delà de 5,25 m, nous sommes inquiets car le rez-de-chaussée du moulin qui abrite la buanderie et la chambre d’une de nos filles risque d’être inondé. C’est à partir de cette limite que nous sortons les parpaings, bâches plastique et planches de bois pour calfeutrer les ouvertures et ainsi nous protéger.
En début février de cette année les pluies ont été soutenues pendant une dizaine de jours, ce qui engendra que les cours d’eau, habituellement à sec en été, coulaient à flots ininterrompus. La cascade d’Autoire déversait des quantités phénoménales d’eau dans un fracas assourdissant. Les ruines du Moulin du Saut, un de nos lieux préférés pour randonner, avaient retrouvé de leur superbe et un flux hydraulique important. En amont, sur la Dordogne, EDF fit un lâcher d’eau au barrage d’Enchanet, afin de délester un peu la structure de celui-ci. Le niveau de la Dordogne, déjà haut, grimpa brusquement pour atteindre les 6,40 m. La Tourmente est, dès lors, largement sortie de son lit. Au pied du moulin le bief débordait et 25 cm d’eau menaçaient d’inonder le rez-de-chaussée. Heureusement les protections ont fait leur effet et seulement 1 cm d’eau pénétra à l’intérieur, sans causer de dégât, mais en nous causant une belle et longue nuit d’angoisse…sans sommeil.